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Lorsque l’on pense Vercingétorix, grandeur gauloise et peuple arverne, le nom de « Gergovie », associé à la célèbre bataille victorieuse contre Jules César et ses légions (en 52 av. J.-C.), fait irruption dans notre cerveau. Ecartez-le d’un revers de neurone et retenez plutôt celui de « Corent » (Puy-de-Dôme), plateau volcanique de 70 hectares situé tout près de Gergovie, car c’est là que s’élevait jadis la capitale des Arvernes, comme l’ont montré les explorations archéologiques que mène Matthieu Poux depuis le début du siècle.
Dans l’entretien qu’il avait accordé au Monde en avril, ce professeur d’archéologie romaine et gallo-romaine à l’université Lumière-Lyon-II annonçait avoir déposé un nouveau projet de fouille avec pour objectif de « mettre le doigt sur l’atelier monétaire » de Corent, ce qui, ajoutait-il, « serait une première ». Coup double pour Matthieu Poux : son projet a été accepté, et la fouille qui vient de s’achever a permis de découvrir le lieu où les Gaulois de Corent battaient monnaie.
Grâce à la vingtaine de campagnes qu’il avait précédemment menées sur le plateau, en particulier sur les 6 hectares du centre-ville gaulois, l’archéologue avait une bonne idée de l’endroit où cet atelier pouvait se cacher. Les efforts de l’été se sont donc concentrés sur un petit espace situé dans ce qui était, il y a plus de deux mille ans, un quartier artisanal, à l’est de la grand-place de Corent. Tout un faisceau d’indices convergeait vers cette parcelle. « En 2010, une fosse d’un bâtiment voisin avait livré cette chose… » Et Matthieu Poux de sortir d’un sachet en plastique un objet métallique étrange, trois petits ovales de bronze reliés par une fine tige. « Ce sont des flans monétaires », précise-t-il.
Aucune référence culinaire dans ce nom de « flan », qui désigne en numismatique (étude des monnaies et des médailles) une rondelle de métal avant sa transformation en pièce de monnaie. Comme le montre ce chapelet de trois flans, ceux-ci étaient coulés à la chaîne « en petites pastilles que l’on séparait avec un ciseau, décrit l’archéologue. Puis on plaçait le flan entre deux coins monétaires », des pièces métalliques où les motifs à marquer sur la monnaie étaient gravés en creux. Un bon coup de marteau sur le tout et la monnaie avait son avers et son revers. L’avers comportait généralement le portrait du roi et le revers un motif symbolique – un sanglier, une lyre ou, pour Vercingétorix, un cheval et une amphore romaine.
En 2010, en plus de ces pastilles, avaient été mis au jour des petits ciseaux en fer pour les découper ainsi qu’un creuset. Autre fouille, autre creuset, ainsi qu’un coin martelé, « mutilé pour qu’on ne puisse pas le réutiliser ». Encore plus loin, un poinçon monétaire : « C’est pour cela que j’ai voulu insister dans ce quartier-là, explique Matthieu Poux, aller au cœur de cette zone. » En l’occurrence dans un lopin non pas de terre mais plutôt de caillasse, car à cet endroit affleure la table volcanique. Si des vestiges se dissimulaient là, il fallait, pour les dénicher, ausculter la terre piégée dans les rochers et surtout les cavités d’origine anthropique : trous de poteaux des bâtiments disparus, fosses, anciennes citernes.
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